Jeudi 13 – 19h30
Présentation et lecture d’extraits des recueils de textes zapatistes
« Eux et nous »
« Et qu’est-ce qu’ils peuvent bien nous apporter les zapatistes, s’ils sont si loin ?
Tu crois que c’est eux qui vont me donner un meilleur salaire, qui vont faire qu’on me respecte, que ces foutus mecs me regardent autre chose que le cul dans la rue, et que ce putain de patron arrête de me toucher sous n’importe quel prétexte ? C’est eux qui vont me donner de quoi payer le loyer, de quoi acheter les vêtements de ma fille, de mon fils ? C’est eux qui vont baisser le prix du sucre, des haricots, du riz, de l’huile ? Qui vont me donner à manger ? Qui vont affronter les keufs qui reviennent tous les jours faire chier et extorquer ceux du quartier qui vendent des disques pirates, en disant que c’est pour ne pas avoir de procès de monsieur ou madame Sony… ? (…)
Et à toi, on va te rendre ton boulot à l’usine, où t’étais qualifié à plus savoir qu’en faire ? (…) Et mon papa, que dieu l’ait en sa sainte gloire, qui était parti pour trimer de l’autre côté — pas pour faire le touriste, hein, pour gagner le pognon, la braise, le blé, la paie — pour nous entretenir quand on était encore gamin, et juste au moment de franchir la ligne la Migra l’a étendu comme si c’était un terroriste et pas un honnête travailleur, et même le corps ils ne nous l’ont pas rendu, et ce foutu Obama, qu’on dirait bien qu’il a le cœur couleur de dollar.
– Bon, ça va, arrête ton char et range-toi sur le bas-côté, ma plébéienne. (…)
– Bon ok, alors dis-moi : ces zapatistes, ils vont nous sauver ? »
– Non ma plébéienne, ils vont pas nous sauver. Ça, et d’autres trucs, c’est à nous de le faire nous-mêmes.
– Et on fait comment ?
– Ah, ben ils vont nous apprendre.
– Et qu’est-ce qu’ils vont nous apprendre?
– Qu’on n’est pas tout seuls.
(…à suivre…)
Jeudi 20 – 19h30
Présentation (et discussion) autour de l’œuvre de Gustav Landauer
Doctorant travaillant sur l’œuvre de Gustav Landauer, Anatole Lucet nous présentera les grandes lignes de sa critique de la société et suggérera certaines pistes pour penser un socialisme libertaire aujourd’hui.
Au début du XXe siècle, quelques voix se lèvent en Allemagne pour réagir à la massification des rapports humains, portée par le capitalisme et encouragée par ce qui se présente comme la principale alternative au Reich : la social-démocratie d’obédience marxiste. Le militant et penseur anarchiste Gustav Landauer (1870-1919) fut le théoricien d’une forme de « communauté par la séparation », invitant chacun à se couper des institutions existantes pour retrouver, dans l’esprit de solidarité qui habite tout être vivant, les racines de son aspiration à faire société. Convaincu de l’incapacité d’une politique des masses à transformer le monde, Landauer rompt avec l’idéologie progressiste dominante et inscrit l’individu créateur dans une historiographie révolutionnaire porteuse d’une réalité socialiste.
À l’heure où se répand la conscience du caractère intrinsèquement nuisible des grands projets industriels (Notre-Dame-des-Landes, TAV, fermes à mille vaches, etc.), il semble pertinent de découvrir cet auteur qui s’est insurgé contre la folie industrielle et l’inflation politique, démasquant ainsi les impasses dévastatrices du projet marxiste, bien avant que l’histoire ne lui donne raison — Landauer est mort pendant la répression de la République des conseils de Bavière, à laquelle il avait activement pris part.
Vendredi 28 – 19h30
Écoute d’un entretien avec Rina Nissim : Se soigner entre femmes
Rina Nissim est une gynécologue naturopathe auteure de différents ouvrages traitant de la santé des femmes. Sa démarche est de les aider à trouver des repères psychiques et physiologiques pour mieux comprendre les maux qui leur sont spécifiques et trouver des réponses à leur chronicité.
Confiante dans leur capacité d’auto-expertise collective, elle invite les femmes à penser ensemble ces questions-là, en petit groupe par exemple et à apprendre à mieux connaître leur corps, leur désirs.
Rina Nissim porte une critique sur la médecine allopathique moderne ultra interventioniste, qui ne cherche à soigner que les symptômes sans proposer de travail sur les causes profondes des troubles.
Cette médecine fonctionnant par protocoles standardisés ne tient pas compte de l’histoire singulière de chaque femme, et participe ainsi à la dépossession de nos corps.
Nous écouterons le « Portrait de Rina Nissim », entretien réalisé par Ruth Stegassi pour son émission « Terre à terre », diffusée en décembre 2013. L’écoute sera suivie d’une discussion.
Et puis on signalera, pour ce mois-ci :
La parution, aux éditions L’échappée, de l’anthologie des textes de la revue Survivre… et Vivre, revue des années 70 qui fédéra alors de nombreux scientifiques critiques français.
L’arrivée, chez Michèle, de livres de la collection Radical America des éditions Syllepses qui propose des essais et des documents pour mieux comprendre les mouvements noirs dans les années 70 toujours.