Les ateliers des désaxés.ée.s

Un lundi sur deux, à 19h30.

Certain-e-s ont fait l’expérience de la psychiatrie de la place de patients, de professionnels, ou encore de familles de « psychiatrisé-e-s »… Chacune de ces expériences vécues véhiculent des discours souvent critiques et très hétérogènes, en fonction de la place de celui qui le tient. D’une manière générale, ce champ reste flou et inconnu à une large partie de la population. Or, « le trouble psychique » nous concerne tous et toutes dans la mesure où la souffrance et le mal-être sont aussi les lots de toute vie humaine, et qu’en ce sens il renvoie à des questions fondamentales : qu’est-ce que la folie ? Doit-on la soigner ? Qu’est-ce qu’implique « la réinsertion » dans le monde des normopathes ?
Il nous parait également intéressant de nous interroger sur les origines et les fonctions de cette volonté actuelle de tout « pathologiser » et d’ainsi ériger nos émotions négatives, constituantes de l’être humain, comme des maladies à éradiquer. Plus largement, cela amène à s’interroger sur la tendance actuelle à normaliser les comportements, à lisser les personnalités, par le biais d’institutions comme la psychiatrie, l’école ou la famille, ou plus largement par la doxa néolibérale, afin d’homogénéiser et surveiller la population. Gommer ainsi les hétérogénéités risque d’annihiler la réflexion dans la mesure où c’est de la différence, des divergences de chacun, que va pouvoir naître le débat et le début des questionnements. 
Le but de nos ateliers/discussions est ainsi de pouvoir se rencontrer, avec notre singularité et histoire personnelle, autour de thèmes tels que la psychiatrie, le soin, le mal-être, l’impact de la socialisation et de l’éducation « genrée » sur notre parcours d’adulte, et de faire converger nos idées et représentations, afin de se réapproprier ces questions fondamentales. Cet échange pourra se faire grâce au support d’articles, d’écrits, de films, d’intervenants, mais surtout à travers la richesse et la diversité de nos parcours, et les représentations qui y sont liées.
Nous vous invitons donc nombreux-ses à cette première rencontre, pour échanger sur nos propositions, nos envies, nos questionnements… Ce rendez-vous est ouvert à tous et toutes, et pas que à des professionnel-le-s, ni à des spécialistes en psy : laissez vos bagages à l’entrée, ou apportez-les pour confronter leur contenu ! 

 

Archives des rencontres précédentes

 


 

Jeudi 26 novembre 2015 – 19H / Atelier de réflexion/déconstruction de la psychiatrie et son monde :
Rencontre avec Bernard Vandewiele, psychanalyste et ancien infirmier psychiatrique.

 

Il viendra nous parler de son expérience et de sa rencontre, dans les murs de l’hôpital, avec Brigitte, une petite fille qui deviendra peintre. « Voilà une quarantaine d’années que j’accompagne Brigitte. Sa petite enfance n’a été que vie d’hôpital. On l’a d’abord soignée à huit mois pour une tuberculose aiguë, gardée pour “retard psychomoteur”, conservée pour “autisme de Kanner”.

Jeune infirmier psychiatrique, je la rencontre, âgée de sept ans, dans un “Centre d’arriérés profonds” où elle a abouti trois ans plus tôt. Elle présente alors les signes les plus caricaturaux de l’autisme infantile précoce: automutilations, mutisme, évitement du regard, absence de toute initiative… Par un volontarisme des plus obstinés, elle m’oblige à m’occuper d’elle. Avec le soutien d’un médecin psychiatre prêt à tenter l’aventure, je la sors de l’hôpital pour l’emmener chez moi, devenant sa “famille
d’accueil”. Elle commence à parler à huit ans, est scolarisée de dix à quinze, traverse à l’adolescence une éprouvante période d’automutilations féroces. À sa majorité, je deviens son tuteur. Je le suis toujours. Au début des années 90, Brigitte qui approche la trentaine commence à peindre, et ce qu’elle produit étonne son entourage. En 1996 a lieu une première exposition. On en compte plus de soixante à la date d’aujourd’hui, sa peinture suscitant un intérêt soutenu. Brigitte n’est pas intellectuellement brillante, comme certains autistes “haut de gamme”, mais on pourrait penser qu’elle est exceptionnelle dans sa sensibilité. Et que c’est cette hyper-sensibilité qui, à travers une technique élémentaire, lui suscite des peintures dont beaucoup impressionnent par leur densité émotionnelle.
Loin d’être stéréotypée, sa peinture a beaucoup évolué formellement au fil des ans. Par quoi il s’avère que son oeuvre relève d’une quête intérieure, quête d’autant plus impérieuse qu’elle s’origine d’une immense souffrance d’abandon. Brigitte se construit dans et par la peinture, y trouvant manifestement l’appui nécessaire à son devenir comme sujet humain parmi d’autres.
Son parcours de vie, son parcours artistique, sont matière à penser pour ceux qui se questionnent tant sur l’autisme que sur l’art. À propos de Vincent Van Gogh, Antonin Artaud disait: “Nul n’a jamais écrit ou peint, sculpté, modelé, construit, inventé, que pour sortir en fait de ’enfer.” Brigitte, en tout cas, en témoigne. » Bernard Vandewiele, mai 2014


 

Lundi 2 novembre 2015 – 19H: Atelier de réflexion/déconstruction de la psychiatrie et son monde
Rencontre avec l’association Humapsy. Créée en 2011 à Reims par des patients suivis dans un dispositif inspiré de la psychothérapie institutionnelle.

La psychiatrie dite moderne, qui se réclame d’avancées scientifiques dans le domaine des neurosciences, donne de l’humain une définition très réductrice et développe une conception de la maladie mentale qui se désintéresse de l’être humain qui la traverse.
L’idée même qu’un soin relationnel existe, lui est étrangère. Comment s’étonner alors que le recours à la contention, ou aux chambres d’isolement soient loin de disparaître ? L’hôpital psychiatrique qui devrait être rassurant (savoir qu’on peut trouver ou demander une protection si on ne va pas bien) incarne de plus en plus la sanction pour les « mauvais » malades.
Notre association veut donner la parole aux fous, ou ceux qui sont considérés comme tels, en soutenant leur expression sous toutes ses formes, afin qu’elle soit prise en considération.
La première déstigmatisation dont nous avons besoin c’est que l’on reconnaisse nos droits fondamentaux, et nos capacités à évaluer les
prises en charges et les politiques qui nous concernent !
(HumaPsy)


 

Projection du film  Sainte-Anne, hôpital psychiatrique d’Ivan Klipper  (90′, France, 2010)

Selon les intentions de son auteur, ce reportage n’était pas censé être un film de dénonciation : en n’ayant aucune connaissance du sujet ni regard critique ou politique, il s’est dit simplement satisfait de son travail. Pourtant, les images filmées sont d’une violence extrême, et ont provoqué maintes polémiques et de vives réactions (voire l’extrait plus bas). Nous en discuterons ensemble, et prendrons également le temps de vous présenter le programme de cette première saison de nos ateliers. Au plaisir de vous retrouver lundi prochain !

“Le 7 mai 2010, la chaîne documentaire Arte diffuse un reportage sur l’unité fermée du plus grand, du plus réputé, de l’un des mieux dotés des hôpitaux psychiatriques de France : l’hôpital Saint-Anne à Paris. Le 13 janvier 2012, les Dr Gérard Massé et François Petitjean, chefs des services dans lesquels a été fait ce reportage (et qu’ils ont donc autorisé), sont condamnés par l’Ordre des Médecins, pour manquements à la déontologie à, respectivement, un an d’interdiction d’exercice dont neuf mois avec sursis, et trois mois d’interdiction d’exercice dont deux avec sursis. Motif : la mention du nom de certains patients, voire de leurs médicaments, traitements, le non-respect de leur dignité, la déconsidération de la profession, toutes choses interdites par la déontologie.
Avec le temps, nous savons et voyons qu’hélas, ce film n’a pas provoqué de remise en question profonde du système psychiatrique hospitalier. Quelques réflexions et questions s’imposent…” (extrait du site Neptune, association d’Information, recherche, action et entraide sur les “maladies” psychiques)


 

Lundi 6 juilllet 2015 – 19H
Projection de Pénélope, film de Claire Doyon pour la dernière de l’atelier anti-psy

Mère d’une petite fille atteinte d’autisme, Claire Doyon, la réalisatrice, décide de tenter de soulager son enfant en se risquant à un lointain périple. Toutes deux vont se retrouver aux confins de la Sibérie mongole, en quête d’un chamane et de ses talents de guérisseur. De Paris aux steppes, le décor, on s’en doute, change. Ce qui soulignait le sentiment d’étouffement auquel l’enfant est soumise dans la capitale devient, dans un cadre de western épique, l’espace immense où ses gestes, certes toujours signaux de douleur, d’apnée, prennent soudain une autre dimension. Bras et tête levés au ciel, sa silhouette fragile semble peu à peu se fondre dans la vastitude de ce paysage si dégagé.
De ces rites archaïques auxquels, impressionnée, Pénélope est livrée, aucune garantie d’efficacité ne saurait être donnée bien sûr, et les parents en sont conscients. Mais ce voyage est entrepris surtout pour tâcher de déplacer la souffrance, physiquement, géographiquement, de la devancer ou de la noyer au milieu d’une culture inconnue. Du coup, les images tournées par Claire Doyon dans ce portrait de sa fille ne s’installent nulle part, jamais elles ne se contentent d’observer ; elles se révèlent plutôt, entières, faites d’amour, d’abandon, habitées de ce léger déséquilibre qui laisse y souffler par bourrasques le vent de la foi.
(Jean-Pierre Rehm, FID, 2012)

Pour en savoir plus, un lien vers des émissions autour du travail de Fernand Deligny et l’accueil des personnes dites « autistes » :
http://www.intempestive.net/hors-du-langage-un-territoire 


 

Lundi 4 mai 2015 – 19H, Atelier de déconstruction de la psychiatrie : le temps du bilan

Il y a quelques mois naissait l’idée d’un groupe de discussion censé incarner un espace pour confronter, partager et débattre de nos connaissances et expériences autour de la psychiatrie, et de ses alternatives. Parfois nous avons fait le choix d’inviter à discuter des personnes ayant travaillé sur des thèmes spécifiques (prise en charge actuelle de la « maladie mentale », sorcellerie, transsexualisme, les « grands exclus » à Marseille…).

Parfois la discussion s’est simplement construite au travers des témoignages, expériences et opinions de chacun-e d’entre nous, et elle n’en était pas moins riche et intéressante. Le mois de mai arrivant à grands pas, il ne reste que quelques dates avant l’été : nous proposons donc que la rencontre du lundi 4 mai soit l’occasion pour réfléchir ensemble à la manière dont peut continuer à exister cet espace de discussion, au plus près des attentes et idées de chacun-e. Nous vous attendons à partir de 19H, venez nombreux-ses avec vos propositions et questionnements pour la suite !

L’atelier de déconstruction de la psychiatrie : qu’est-ce que c’est ?

Alors qu’en 2016, la métropole du Grand Paris regroupera la capitale et les trois départements adjacents, Alain Rustenholz visite l’histoire de 24 communes encerclant Paris, 24 qui avaient voté Front populaire aux élections de 1936, et qui formaient par leurs usines, leurs centrales électriques, leurs incinérateurs, et leurs Habitation à Bon Marché (HBM) pour les ouvriers la ceinture rouge du communisme municipal autour de la capitale.


 

Jeudi 26 mars 2015 – 19H30, Ateliers de réflexion/déconstruction autour de la psychiatrie et son monde 

Nous accueillerons Tolten, psychologue et slameur. Il viendra discuter avec nous de son ouvrage « Etre Ange Monde« , réalisé notamment au travers d’une expérience d’ateliers d’écritures auprès de personnes anciennement en errance à Marseille.

On pourrait penser que l’étrangeté met les hommes et les femmes qui en sont habités en exil de la société. Mais de fait, c’est la société elle-même, dans sa composante la plus obscène parce que uniquement marchande, qui s’est mise en orbite de l’humanité de l’homme. Tolten parvient, avec sa pertinence impertinente, à saisir ce qui se glisse entre les mots, entre les phrases, et qui circule sans qu’on s’y arrête. Il se penche sur ce qui lui apparait comme une petite musique vivante, et nous la restitue avec humour parfois, et gravité aussi.
(Simone Molina).

L’Etre Ange Monde est un triptyque. Il contient :
On sans toi(t) : Ensemble de textes écrits lors d’une résidence au Hameau, un lieu d’accueil pour anciens SDF à Marseille. De courts textes, comme des portraits.
On sans fous : Ensemble de textes militants écrits autours de la folie et du soin. Différentes situations, différents points de vues.
On s’envole : Ensemble de textes écrits lors de voyages (Myanmar, Bolivie, Pérou, Chine, Etats Unis, Chili, etc.). Tentative pour retranscrire des ambiances, d’infimes moments en suspend… 


 

Lundi 5 janvier 2015 – 19H, Atelier de réflexion/déconstruction autour de la psychiatrie et son monde.
Nous discuterons librement à partir de deux textes, éditées par la réseau américain Icarus Project.
L’un porte sur le sevrage des médicaments psychotropes, et l’autre sur les groupes d’auto-support entre psychiatrisé-es.
Le réseau Icarus Project est un collectif de réflexion et d’entraide entre personnes diagnostiquées comme malades mentales, dans l’idée d’échapper à la violence l’institution psychiatrique.

 

Lundi 8 décembre 2014 – 19H, Atelier Réflexion/déconstruction autour de la psychiatrie et son monde

 
Certain-e-s ont fait l’expérience de la psychiatrie de la place de patients, de professionnels, ou encore de familles de « psychiatrisé-e-s »… Chacune de ces expériences vécues véhiculent des discours souvent critiques et très hétérogènes, en fonction de la place de celui qui le tient. D’une manière générale, ce champ reste flou et inconnu à une large partie de la population. Or, « le trouble psychique » nous concerne tous et toutes dans la mesure où la souffrance et le mal-être sont aussi les lots de toute vie humaine, et qu’en ce sens il renvoie à des questions fondamentales : qu’est-ce que la folie ? Doit-on la soigner ? Qu’est-ce qu’implique « la réinsertion » dans le monde des normopathes ?
Il nous parait également intéressant de nous interroger sur les origines et les fonctions de cette volonté actuelle de tout « pathologiser » et d’ainsi ériger nos émotions négatives, constituantes de l’être humain, comme des maladies à éradiquer. Plus largement, cela amène à s’interroger sur la tendance actuelle à normaliser les comportements, à lisser les personnalités, par le biais d’institutions comme la psychiatrie, l’école ou la famille, ou plus largement par la doxa néolibérale, afin d’homogénéiser et surveiller la population. Gommer ainsi les hétérogénéités risque d’annihiler la réflexion dans la mesure où c’est de la différence, des divergences de chacun, que va pouvoir naître le débat et le début des questionnements. 
Le but de nos ateliers/discussions est ainsi de pouvoir se rencontrer, avec notre singularité et histoire personnelle, autour de thèmes tels que la psychiatrie, le soin, le mal-être, l’impact de la socialisation et de l’éducation « genrée » sur notre parcours d’adulte, et de faire converger nos idées et représentations, afin de se réapproprier ces questions fondamentales. Cet échange pourra se faire grâce au support d’articles, d’écrits, de films, d’intervenants, mais surtout à travers la richesse et la diversité de nos parcours, et les représentations qui y sont liées.
Nous vous invitons donc nombreux-ses à cette première rencontre, pour échanger sur nos propositions, nos envies, nos questionnements… Ce rendez-vous est ouvert à tous et toutes, et pas que à des professionnel-le-s, ni à des spécialistes en psy : laissez vos bagages à l’entrée, ou apportez-les pour confronter leur contenu !